Histoire

À la fin du XIXᵉ siècle, en Allemagne, l’idée d’unifier les différentes lignées de chiens de berger commence à prendre forme. Si tous s’accordent sur l’importance de leurs qualités de travail, les éleveurs peinent à s’entendre sur une morphologie commune. C’est dans ce contexte que le capitaine Max von Stephanitz, un officier de cavalerie aujourd’hui considéré comme le père de la race, décide de créer une race unique, efficace et équilibrée : un chien de berger performant, endurant et loyal.

En 1899, il fonde ainsi le club de la race (Verein für Deutsche Schäferhunde) et enregistre le premier chien officiel, Horand von Grafrath, considéré comme l’ancêtre de tous les Bergers Allemands.
Initialement sélectionné pour garder et conduire les troupeaux, le berger allemand voit rapidement ses compétences d’endurance, d’obéissance, d’intelligence et de loyauté valorisées dans d’autres domaines.
Dès 1914, il intègre les forces armées allemandes comme chien de piste, de garde et de messagerie. Après la Première Guerre mondiale, son aptitude au travail attire l’attention internationale, notamment en France (où les importations commencent dès 1910), aux États-Unis et au Royaume-Uni.

Dans les années 1950, deux grandes orientations d’élevage émergent. La lignée de travail, robuste et dynamique, privilégie la fonctionnalité avec un corps svelte et une musculature développée. En parallèle, la lignée de beauté, destinée aux concours, se distingue par une silhouette plus inclinée, notamment au niveau du dos — un concept d’hypertype qui suscite encore aujourd’hui des débats parmi les passionnés.

Le berger allemand s’impose aujourd’hui comme l’une des races les plus appréciées à travers le monde. Sa présence dans les foyers, les services de secours, les équipes cynophiles ou les centres de formation pour chiens guides d’aveugles témoigne de sa polyvalence exceptionnelle.

Caractère

Le berger allemand est une race qui a tendance à être :

Protectrice. Le berger allemand présente une forte tendance à la vigilance, en particulier envers les personnes étrangères à son groupe. Ce trait, souvent recherché dans les chiens de garde, est bien documenté par l’échelle comportementale C-BARQ (Canine Behavioral Assessment and Research Questionnaire). Il ne s’agit pas d’agressivité gratuite, mais d’un instinct de protection hérité de sa sélection historique pour la garde et la défense.


Intelligente et avec une grande capacité d'apprentissage. Cette race est fréquemment associée à de réelles aptitudes à l’éducation, ainsi qu’à une excellente capacité de coopération avec l’humain. Sa capacité à comprendre les consignes, à anticiper les attentes humaines et à généraliser les apprentissages en fait un élève modèle dans de nombreux contextes : assistance, secours, pistage, obéissance sportive… Il aime apprendre, surtout si les interactions sont bienveillantes et motivantes.


Pondérée. Concentré, attentif et posé, le berger allemand n’est pas de nature nerveuse ou agitée, à condition que ses besoins fondamentaux soient respectés, tant sur le plan physique que mental. Doté d’une grande confiance en lui (sans excès), son tempérament réfléchi lui permet de distinguer les situations qui justifient une réponse de celles qu’il peut ignorer. Son éventuelle réactivité n’émerge qu’en réponse à un inconfort, une menace perçue ou un déséquilibre dans son environnement. Une éducation cohérente, douce et sécurisante est essentielle pour entretenir cette stabilité émotionnelle.


Profondément attachée à son groupe social. Cette race tisse un lien fort avec ses humains. Elle reste cependant particulièrement vulnérable à la solitude, ainsi qu’à l’enfermement, et peut développer une anxiété de séparation en cas d’absences prolongées. 

En besoin de stimulation mentale et physique. Le berger allemand est une race conçue pour agir, réfléchir et résoudre des problèmes : il ne se contente pas de simples promenades. Il a besoin d’activités variées comme l’obéissance, la recherche, le pistage ou l’agility pour rester équilibré. Sans stimulation suffisante, il peut développer des troubles du comportement, comme l’ennui, l’hyperactivité, ou l’automutilation. C’est un chien qui s’épanouit pleinement lorsqu’il est mentalement mobilisé au quotidien. 
 
Dotée d’une sensibilité émotionnelle parfois marquée. Des études (C-BARQ, McGreevy et Duffy) montrent que certains Bergers Allemands présentent des niveaux de peur sociale ou de sensibilité sonore plus élevés que la moyenne, selon leur lignée ou leur éducation. Cela signifie qu’ils peuvent mal réagir à des environnements chaotiques ou à des méthodes éducatives coercitives.

Apparence

Entretien

 Un brossage 2 fois par semaine suffit généralement à maintenir son poil propre et sain ; cette fréquence peut être augmentée jusqu’à quatre fois en période de mue, en raison d’une importante perte de poils.
Ce chien à la fourrure dense nécessite également une attention particulière au niveau des oreilles, qui doivent être nettoyées régulièrement pour prévenir les infections. 

Maladies

Le berger allemand est une race prédisposée à un certain nombre de maladies :
Dysplasie de la hanche et du coude. D’origine génétique, et plus fréquente chez les mâles castrés, ces malformations articulaires causent des douleurs et des troubles de la mobilité. Une surveillance attentive doit donc être mise en place dès le plus jeune âge du chien.

Ostéochondrite disséquante (OCD). Chez le berger allemand, cette anomalie du développement articulaire résulte du détachement d’un fragment de cartilage, principalement au niveau de l’épaule ou du coude.
Myélopathie dégénérative. Cette maladie neurologique progressive touche la moelle épinière, entraînant une paralysie.

Dilatation-torsion de l’estomac. Il s’agit d’une urgence vitale liée à une dilatation et une rotation de l’estomac sur lui-même. Une pathologie commune chez les chiens de grande taille.

Insuffisance pancréatique exocrine. Cette affection digestive touche particulièrement le berger allemand. Le pancréas cesse de produire les molécules (enzymes) nécessaires à la digestion, ce qui provoque amaigrissement, selles molles ou abondantes et un appétit excessif. Heureusement, la maladie se contrôle bien. Le traitement consiste à mélanger une poudre spéciale dans la nourriture, qui contient des enzymes permettant au chien de bien digérer ses repas.

Pannus kératite. Il s’agit d’une maladie auto-immune de l’œil, fréquente dans la race, surtout dans les régions très ensoleillées. La cornée devient progressivement rouge, trouble, puis opaque, ce qui peut affecter la vision. La maladie est chronique, mais bien contrôlable avec des collyres anti-inflammatoires ou d’immunosuppresseurs.

Hémophilie A. L’hémophilie A est un trouble héréditaire de la coagulation du sang. Transmis sur le chromosome X, il touche surtout les mâles. Les chiens atteints peuvent saigner plus longtemps après une blessure, ou développer des hématomes (bleus) spontanés. Des tests génétiques existent pour repérer les porteurs, notamment en élevage.

Anecdote

Pendant le Débarquement de 1944, un berger allemand nommé Bing est devenu le premier chien parachutiste allié au-dessus de la Normandie. Héros de guerre et blessé au combat après avoir sauvé des dizaines de soldats britanniques, il participe également à l’opération Varsity l’année suivante. Bing a été décoré pour bravoure en 1947 de la médaille Dickin, l’équivalent de notre Légion d’Honneur !