Histoire

Le passé sombre du dogue argentin, un lourd héritage qui ne reflète en rien le chien qu’il est devenu, se trouve désormais loin derrière lui. Né dans la région de Cordoba, en Argentine, il est issu de croisements entre divers molosses (boxers, bull-terriers, bulldogs anglais, mastiffs espagnols, dogues allemands), des chiens de chasse (pointers, irish wolfhound) et des molossoïdes qu’on utilisait alors pour les combats de chiens, les tristement célèbres perros de pelea.

Beaucoup de colons européens venus en Amérique se sont servis des ancêtres des dogos pour combattre les populations autochtones. Le dogue argentin a également rempli d’autres fonctions funestes : la surveillance des esclaves dans les exploitations agricoles et leur traque, en cas de fuite.

Antonio Nores Martinez, un médecin argentin passionné par ces puissants chiens, cherche à fixer le standard de la race au début du XXe siècle. Il crée un mélange savamment dosé de pointer, de lévrier irlandais, de bulldog anglais, de dogue allemand, de mastiff des pyrénées, de bull-terrier et de dogue de bordeaux, souhaitant obtenir une race aussi vigoureuse qu’intelligente. 

Dans ce but, il sélectionne avec rigueur les chiens les plus musclés et les plus adroits, pourvus du meilleur flair et capables d’évoluer aisément dans un environnement difficile. Il impose de plus le pelage blanc immaculé (seule une tache noire, généralement au niveau de la tête, est tolérée) tant pour des raisons esthétiques que pour faciliter son repérage dans la pampa. Le résultat de ses manipulations ? Un chien ultra performant dans la chasse aux pumas et aux sangliers, deux espèces très présentes dans les régions montagneuses de Cordoba.

Le premier standard, établi en 1928, n’est validé qu’en 1965 par la Fédération Cynophile d’Argentine. Il faudra attendre 1973 pour que la Fédération Cynologique Internationale reconnaisse enfin la race à titre définitif. 

Les premiers dogues argentins arrivent dans l’Hexagone dans les années 1980, où ils rencontrent rapidement le succès. Chaque année, plusieurs centaines d'inscriptions au LOF (Livre des Origines Français) confirment que les Français craquent encore pour cette race. 

L’otectomie (la coupe d’une partie des oreilles d’un chien) est heureusement interdite en France depuis 2004. Le dogue argentin porte au naturel ses oreilles, tombantes et aux extrémités arrondies, plaquées contre ses joues. Toutefois, cette pratique « barbare » perdure encore en Amérique.

Dans son pays d'origine, les qualités du dogue argentin sont aujourd’hui valorisées dans plusieurs domaines. On le retrouve toujours en tant que chien de chasse, mais aussi chien guide d’aveugle, chien de sauvetage, auxiliaire de police ou des douanes, chien de garde et de compagnie. 

Caractère

Bien qu’il soit parfois considéré comme chien de garde et de défense, le dogue argentin n’est pas catégorisé. Sa détention en France n’est donc pas soumise à conditions. Il ne devrait cependant pas représenter une option pour les amateurs de molosses attirés uniquement par son allure massive et puissante, mais ne souhaitant pas s’investir dans les démarches administratives et les apprentissages nécessaires en éthologie canine.

• Une sociabilité modérée vis-à-vis des chiens. Selon le Canine Behavioral Assessment and Research Questionnaire (C-BARQ), les dogues argentins se montreraient bien moins sociables avec leurs congénères que la plupart des autres races. Est-ce dû aux gènes hérités de ses ancêtres sélectionnés pour les combats de chiens ? On ne peut pas changer le passé, mais il s’avère en revanche tout à fait possible d’agir pour un futur plus serein.

• Un comportement de protection de ressource marqué. Si le dogue argentin n’est pas « agressif de nature », ses instincts de protection et de prédation pourraient le mener à des comportements déviants en l'absence d’une éducation cohérente. Mal socialisé ou mal encadré, il arrive en effet qu’il se montre « “agressif ». C’est le cas pour de nombreuses races sélectionnées pour la garde ou la chasse à qui l’on ne confie plus aucune mission à accomplir.

• Une peur sociale. Chez certaines lignées, on observe des peurs spécifiques (propre à la race ou selon l’environnement) via le C‑BARQ (questionnaire sur la personnalité selon la race), souvent liées à un peu de nervosité ou d’anxiété sociale.

• Une grande énergie. Le dogue argentin est un animal très actif, avec une excitabilité élevée, répondant vivement aux stimuli. Il nécessite une stimulation mentale et physique régulière. 

• Couramment décrits comme intelligents et sensibles, ces grands chiens blancs sauront s’adapter à leur environnement, accompagnés avec tact par des humains avertis.

Apparence

Entretien

L’entretien courant du dogue argentin est plutôt simple, mais il nécessite régularité et rigueur. Son pelage court et blanc demande un brossage hebdomadaire pour éliminer les poils morts et surveiller l’apparition d’éventuelles irritations cutanées, fréquentes chez les chiens à peau claire. 
 
Une attention particulière doit être portée à ses oreilles (sujettes aux infections), à ses yeux bordés de cils blancs (à laver avec une lotion vétérinaire si besoin), ainsi qu’à ses griffes (à couper si elles ne s’usent pas naturellement). 

Maladies

Le dogue argentin a une image de « guerrier invincible » peu enclin aux problèmes de santé. Sa couleur de robe se trouve pourtant à l’origine de maladies congénitales.

• La surdité. Héréditaire, elle est liée au gène SW (Spotting White), responsable de la couleur blanche de la peau et du pelage. Bilatérale ou unilatérale, on la retrouve chez certaines races prédisposées : le dogue argentin, le bull terrier et le dalmatien. Le test de dépistage PEA (Potentiels Évoqués Auditifs) permet d’établir si le chien est porteur ou non de ce gène, afin de l’exclure éventuellement de la reproduction.

• La dermatose solaire. C’est une maladie de la peau présente chez les chiens au pelage blanc ou clair et peu fourni, trop exposés au soleil. Elle se caractérise par une alopécie (perte de poil), des lésions cutanées, des rougeurs, des croûtes et l’épaississement de la peau. 

• La dysplasie de la hanche et du coude. Cette malformation articulaire touche en particulier les grands chiens qui ont une croissance plus longue que les races de petit gabarit. Elle cause de fortes douleurs et des raideurs dans les membres, favorisant le développement de l’arthrose précoce.

• L’hypothyroïdie. Parmi les grandes races, le dogo présente une prédisposition à l’hypothyroïdie, souvent d’origine auto-immune (thyroïdite), avec des symptômes tels que prise de poids, fatigue ou problèmes de peau.

• Le syndrome de dilatation torsion de l’estomac. Avec sa profonde poitrine, le dogo est prédisposé à cette affection. L’estomac se remplit de gaz ou de liquide et se tourne sur lui-même. La circulation sanguine est progressivement bloquée, ce qui nécessite une intervention chirurgicale de toute urgence.

Anecdote

Plusieurs histoires racontent que des dogues argentins ont sauvé leurs familles lors d’incendies ou d’attaques d’animaux sauvages. Par exemple, un certain Max a été médiatisé en Argentine pour avoir protégé ses enfants humains d’un serpent venimeux. 

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