Histoire

Les dogues de Bordeaux descendent des molosses utilisés comme chiens de guerre par des peuples venus d’Asie pour envahir l’Europe au Ve siècle. Ces puissants canidés se mêlent peu à peu avec des races locales, surtout dans le sud-ouest de la France. Les croisements donnent naissance à des chiens robustes et dissuasifs : les ancêtres de ceux que l’on appelle également « mastiffs français ». Le dogue de Bordeaux est l’une des plus anciennes races canines françaises. 
 
Par la suite, on leur confie de nombreuses tâches : garder les troupeaux et les habitations, faire fuir les prédateurs et les intrus, chasser le gros gibier ou encore seconder les bouchers. On les fait aussi participer à des combats, entre chiens ou contre d’autres animaux. 
 
Toutefois, le dogue de Bordeaux n’est connu que dans la région Aquitaine jusqu’en 1863, année de sa première participation à une exposition canine française. Il existe encore plusieurs variétés régionales à cette époque, avant que le type bordelais ne s’impose. 
 
La race a failli disparaître, comme beaucoup d’autres, durant les deux guerres mondiales. Elle est cependant reconnue officiellement par la FCI (Fédération Cynologique Internationale) en 1954 et les premiers passionnés se mobilisent pour la préserver. Le professeur Raymond Triquet est le plus célèbre d’entre eux. Il a redonné vie à l’élevage du dogue de Bordeaux dans les années 1970, grâce à son rigoureux travail de sélection. 
 
Cette race est classée dans le groupe des molossoïdes de type dogue, selon des critères morphologiques. Ce sont des chiens puissants, dotés d’une ossature robuste, d’une large poitrine et d’une tête massive au museau court. Leurs larges mâchoires assurent de plus une prise sans pareille. 
 
Le dogue de Bordeaux a conservé son physique impressionnant et dissuasif et exerce toujours à la perfection son rôle de gardien. De nos jours, il est aussi considéré comme un chien affectueux, profondément attaché aux siens. C’est pourquoi de plus en plus de familles à la recherche d’un compagnon de vie craquent pour cette race. 

Caractère

Des données issues d’études comportementales permettent de répertorier certains traits fréquemment observés chez les dogues de Bordeaux.

• Affectueux. Ce chien est souvent décrit par ses propriétaires comme très proche de l’humain et démonstratif envers les membres de sa famille. 

• Calme et posé. Une fois adulte, ce molosse affiche un tempérament tranquille, en particulier dans un environnement familier. Des études parues dans Applied Animal Behaviour Science montrent que les races de type molossoïde, comme le Dogue de Bordeaux, présentent une excitabilité relativement faible, ce qui en fait un compagnon posé au quotidien.

• Équilibré et émotionnellement stable. Les études dirigées sur le dogue de Bordeaux indiquent un faible potentiel d’impulsivité et d’agressivité. Cela signifie que la majorité des individus de cette race sont émotionnellement stables, peu sujets à la réactivité excessive. Bien éduqués, socialisés et dépensés, ils sont même décrits comme des êtres « facile à vivre ».

• Loyal et vigilant. La plupart des dogues de Bordeaux ont hérité des qualités de gardien de leurs ancêtres. Ils se montrent plutôt attentifs à leur environnement et restent vigilants, voire méfiants, vis-à-vis des inconnus, mais sans exprimer d’agressivité (Serpell & Hsu).

• Tolérant à la manipulation et avec les enfants. Selon les évaluations comportementales, cette race tolérerait généralement bien la manipulation par les humains familiers. Cela peut, par exemple, faciliter les consultations vétérinaires et la cohabitation avec des enfants, même si celles-ci doivent toujours se faire dans le respect de la nature de l’animal. 

• Parfois intolérant envers ses congénères. Les dogues de Bordeaux peuvent avoir tendance à mal supporter la présence d’autres chiens, notamment ceux du même sexe (Serpell et Hsu). Un travail de socialisation s’avère donc nécessaire dès le plus jeune âge du chiot pour qu’il devienne un adulte équilibré et épanoui.

• Peu aboyeur. Le dogue de Bordeaux est reconnu pour être peu expressif vocalement. Il n’aboie généralement que lorsqu’il estime la situation sérieuse ou inhabituelle. Ce trait en fait un chien discret, bien adapté à la vie de famille.

Apparence

Entretien

Le pelage court et dense du dogue de Bordeaux ne demande qu’un brossage hebdomadaire, à l’aide d’une brosse souple. Un bain occasionnel suffit, en utilisant un shampoing adapté aux peaux sensibles, afin de ne pas gêner la production naturelle de sébum qui protège l’épiderme. 
 
On ne lave ses yeux et ses oreilles qu’en cas de saletés visibles, toujours avec un nettoyant adapté pour les chiens. Surveiller la taille de ses griffes est aussi important, pour pouvoir les couper si leur longueur le gêne. 
 
Les plis de sa tête méritent quant à eux une attention particulière, surtout autour de la gueule et des yeux. Ils doivent être nettoyés régulièrement avec une compresse tissée et une lotion vétérinaire. Il faut ensuite bien les sécher pour éviter d'éventuelles macérations ou infections cutanées, comme les pyodermites et les dermatites. 

Maladies

Le dogue de Bordeaux, malgré sa solide composition, rencontre parfois des problèmes de santé.

• Le syndrome brachycéphale. Il concerne surtout les chiens avec un crâne court et un museau aplati. Le syndrome brachycéphale est un ensemble de plusieurs anomalies anatomiques : rétrécissement des voies respiratoires, narines trop petites, voile du palais trop long, trachée trop étroite, etc. Il entraîne des difficultés pour bien respirer, des halètements et des ronflements, une intolérance à l’effort et à la chaleur, ainsi qu’un risque élevé de détresse respiratoire.

• La dysplasie de la hanche. Fréquente chez les grands chiens, cette malformation articulaire provoque douleurs, boiteries et arthrose. Chez le dogue de Bordeaux, elle est bien documentée et représente un risque majeur, dès le début de la croissance.

• L'hyperkératose héréditaire des coussinets. C’est une malformation des coussinets, à l’origine d’un épaississement de la corne et de la formation de fissures qui déclenchent de fortes douleurs. Environ 11 % des dogues de Bordeaux présentent cette pathologie. 

• La cardiomyopathie dilatée. Cette maladie affecte le myocarde (le muscle du cœur). Elle se manifeste par la dilatation anormale des cavités cardiaques. Qu’elle soit d’origine génétique ou liée à des facteurs environnementaux, elle peut provoquer de nombreux signes cliniques : fatigue, troubles respiratoires, perte d’appétit, amaigrissement, toux, essoufflement et arythmie (trouble du rythme cardiaque).

• L’entropion. Dans cette affection, le bord des paupières se replie vers l’intérieur, ce qui irrite la cornée. C'est une maladie fréquente chez le dogue de Bordeaux.

• La sténose aortique. Il s’agit d’une malformation cardiaque congénitale. Elle peut entraîner des signes cliniques graves, comme une insuffisance cardiaque, des arythmies, des syncopes (pertes de connaissance), voire une mort subite.

• L'hypothyroïdie. C’est une pathologie hormonale avec des symptômes très variés. On peut observer une prise de poids, une baisse d’énergie, de la fatigabilité, une intolérance au froid, un pelage sec et terne, une fréquence cardiaque basse, des faiblesses des pattes arrière, des difficultés respiratoires ou encore des sécrétions coulant des yeux. 

• La rétinopathie multifocale. C’est une tare oculaire qui survient chez les chiens âgés de quelques mois. Elle peut provoquer une cécité complète à l’âge adulte. 

• La glomérulonéphrite membranoproliférative. Cette affection cause des lésions au niveau des reins. Elle peut évoluer vers une insuffisance rénale chronique si elle n’est pas détectée et prise en charge précocement.

• Le syndrome de dilatation torsion. C’est une urgence vitale chez cette race à thorax profond. L’estomac se remplit de gaz, se retourne, et bloque la circulation sanguine. Cette pathologie est bien connue dans les races molossoïdes et de grande taille (Journal of Small Animal Practice, 2017).

Anecdote

Un dogue de Bordeaux nommé Hooch est devenu célèbre, grâce à son rôle aux côtés de Tom Hanks dans le film Turner et Hooch (1989). Ce film a contribué à la popularité de la race dans le monde entier ! Un succès qui a inspiré une série télévisée du même nom, diffusée en 2021, et dans laquelle 5 dogues de Bordeaux ont joué. 

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